Depuis quelques temps, je lis et je suis sur l’internet avec une grande attention la réflexion et le regard que porte Michel Serres sur l’époque que nous vivons. Ce regard est à la fois lucide et tendre, optimiste et plein d’intelligence. Et c’est une de ces réflexions de ce philosophe qui m’inspire l’article qui vient.
Une époque formidable
Pour Michel Serres, l’apparition des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) est la troisième révolution anthropologique. A ses yeux, cette innovation est à mettre sur le même plan que deux autres inventions humaines : l’écriture et l’imprimerie. Rien que ça !
S’il a raison, cela signifie que nous vivons une période tout à fait extraordinaire, formidable, incroyable : celle d’un basculement, d’un changement essentiel dans l’histoire de l’homme. Vu sous cet angle, ce que nous vivons est aussi excitant que vertigineux. Excitant parce que ces bouleversements sont prometteurs de plus de progrès et d’innovations qu’aucune autre période de l’histoire de l’humanité. Vertigineux exactement pour les mêmes raisons.
Garder les outils à leur place
Alors, face aux bouleversements que nous vivons, comment s’étonner que nous ayons du mal à les appréhender, comment s’étonner que les TIC, malgré les progrès évidents qu’elles nous amènent, s’accompagnent de difficultés nouvelles, de problèmes inconnus jusqu’à maintenant.
Très concrètement, et dans les logiques d’organisation et de gestion du temps que je porte dans mes formations, je pense aux difficultés croissantes posées par le courrier électronique. Le nombre de mails à traiter quotidiennement dépasse parfois la centaine et les boîtes de réception dont la capacité « normale » est de 50 gigaoctets amène des stocks de mails dépassant parfois le chiffre de 100.000 (je l’ai vu moi-même il y a quelques jours).
Au-delà des difficultés pratiques que posent ces chiffres (recherche produisant des centaines voire des milliers de résultats, ralentissement des logiciels de gestion de messagerie qui « manipulent » une quantité de données hors de leur portée), ce nouvel état de fait est générateur de stress intense, d’inquiétudes quasi permanentes liés au sentiment de perte de contrôle et à la crainte de laisser trainer une information cruciale qui « explosera » au visage le moment venu.
Remettre les outils à notre service
Pourtant, je crois que cette évolution n’est pas inéluctable, que le contrôle peut être repris et conservé. Il y a deux conditions à cela :
- Accepter que la valeur de la grande majorité des informations est insuffisante pour consacrer ne serait-ce que quelques secondes à leur lecture.
- Adopter des nouveaux comportements qui remettent les TIC à leur place : celle d’outils utiles et efficaces à NOTRE SERVICE
Ce sont les conditions essentielles pour garder les merveilleuses qualités des réflexions de Michel Serres : la foi en l’être humain et l’optimisme.