J’ai présenté dans un article précédent la vitesse de diffusion du mail comme un avantage de cet outil. Et c’est vrai que cela fait partie des éléments positifs que l’on peut relier au mail. Néanmoins, cette vitesse est elle-même porteuse d’inconvénients majeurs.
Quand un message électronique entre dans une boîte de réception, il est lu dans les minutes qui suivent dans 75 % des cas selon une étude Sciforma. Cela nous indique que le mail est perçu comme quelque chose qui mérite un traitement immédiat, urgent. J’imagine que c’est la vitesse de diffusion du mail lui-même qui véhicule ce sentiment d’urgence. Comme il est transmis extrêmement vite d’un point à un autre du globe, dans bien des cas, celui ou celle à qui il est destiné se sent obligé de tenter de le traiter à très grande vitesse à son tour.
Notre cerveau a des limites
Or, nos pauvres capacités humaines sont limitées et si notre cerveau a été capable de produire le message électronique, il reste bien incapable de le traiter à une vitesse équivalente à sa vitesse de circulation. C’est à mon sens l’un des inconvénients majeurs du message électronique : pour un certain nombre d’entre nous le simple fait que le texte que nous lisons nous soit parvenu sous une forme électronique implique qu’il faille s’en occuper immédiatement.
De la même manière, pour bien des gens, le fait d’avoir envoyé un mail implique qu’ils attendent une réponse ou retour immédiat, ou moins très rapide.
Des Comportements néfastes
Vous l’avez compris, je pense qu’il y a dans ces comportements, dans cette croyance qu’un mail mérite un traitement immédiat, un dévoiement de l’outil. En quoi, le simple fait que le message électronique passe d’un expéditeur à un destinataire en quelques secondes implique-t-il un traitement immédiat ? Bien sûr, la vitesse de circulation du mail est intéressante, mais elle ne peut suffire à impliquer une « urgence ». Elle ne peut suffire à justifier que 75 % des messages reçus soient ouverts dans les secondes qui suivent leur réception.
Je pense de plus en plus que ce sont ces comportements, ces mauvaises habitudes que nous avons prises qui génèrent une part de stress, de pression inutile que vivent les organisations. Bien sûr il est illusoire et sot d’imaginer qu’une entreprise puisse se passer de la messagerie électronique aujourd’hui. Elle est bien trop utile et rend bien trop de services. Néanmoins, si l’outil ne me semble devoir être remis en question, la façon dont nous l’utilisons, notre manière d’y réagir, nos pratiques en somme, doivent être interrogées et remises en questions. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, le mail n’est pas l’outil de l’urgence et face au mail comme face à tant d’autre situation de notre quotidien professionnel il faut faire sienne la phrase de Miguel Cervantes : « Il faut donner du temps au temps ».