Les courriels sont de plus en plus envahissants. En regardant votre boîte de réception vous ne pouvez que le constater avec moi. Mais, plus que leur nombre, la messagerie électronique et, plus généralement les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) soulèvent un problème d’ordre comportemental.
En effet, le graphique que je propose ici et qui a été publié par la Harvard Business Review en décembre 2014 (version française) compare le nombre de communications par cadre et par an pour les dernières décennies et met en regard les évolutions technologiques qui se sont produites dans les mêmes décennies. Et l’on constate que l’apparition de la messagerie électronique dans les années 90, mais surtout dans les années 2000, s’est accompagnée d’une explosion du nombre de communications annuelles, pour parvenir à 30000 (environ 150 journée de travail !) par an et par personne contre 1000 dans les années 70 et 4000 dans les années 80. Bien sûr, il est évident que des informations utiles n’étaient pas transmises tout simplement parce que cela n’était pas possible à cette époque. Si vous étiez en rendez-vous à l’extérieur, il était extrêmement difficile de vous joindre.
Ainsi, l’apparition de l’e-mail s’est accompagnée d’une multiplication par six des communications reçues. Bien sûr, la plupart des organisations ont réalisé des gains de productivité, mais je doute que celles qui ont vu leur chiffre d’affaires sextupler en prix constants sur la même période l’aient fait à effectif identique.
Cela nous amène une réflexion : une part non négligeable des informations qui circulent de nos jours n’était pas indispensable auparavant ! En d’autre termes, avant l’e-mail, on générait moins d’informations à niveau d’activité identique. De là à dire qu’il y a un grand nombre d’informations inutiles qui circulent depuis que le courriel est entré dans nos vies professionnelles, il y a un pas que j’ai du mal à ne pas franchir.
D’ailleurs, si je fais le point sur ma « journée de messagerie » (il est 17 h 30 au moment où j’écris ces lignes) je constate les choses suivantes :
– Mails reçus dans la journée : 40
– Mails supprimés sans avoir été ouverts : 18
– Mails supprimés après une lecture sommaire : 7
– Mails ayant nécessités un traitement à part entière : 15, soit à peine plus du tiers !
Mais boîte de réception n’est vraisemblablement pas représentative, amusez-vous à le vérifier sur la vôtre : sur les mails que vous recevrez demain, combien sont d’une réelle utilité ? De combien auriez-vous pu vous passer ? Combien étaient finalement sans aucun intérêt ?
Allons un petit peu plus loin. On sait aujourd’hui qu’un salarié reçoit en moyenne 45 messages électroniques par jour. Les mails représentent donc environ un tiers des 150 communications quotidiennes. Il semble donc que c’est bien un comportement général qui a évolué. Puisque les outils le permettent, nous générons une très grande quantité d’informations dont une part non-négligeable n’était pas utile avant l’apparition des TIC. D’une certaine manière, nous multiplions les communications simplement parce que nous pouvons le faire, comme si cela ne nous coutait rien. Or, le temps passé à traiter ces informations est énorme ! Celui perdu à cause des interruptions générées par communications peut être estimé à plus d’une journée par semaine si on les cumule ! Admettons-le : c’est idiot ! Ces nouveaux comportements sont idiots !
Si vous êtes d’accord avec moi, il ne me reste plus qu’à espérer que vous ne classerez pas dans la catégorie « inutiles » mon message quinzomadaire !
Vous pourrez approfondir la thématique abordée ici en suivant les formations : |